Je suis le préposé au comptoir de l’hôtel
On voit passer des gens qui demandent une chambre.
Cet hôtel est un club, ils voudraient être membres,
Car l’endroit est immense, et les pièces sont belles ;
Mais quant ils satisfont aux exigences du lieu
Même s’ils implorent, ils rampent, ils s’humilient,
Des écoles de commerce ils récitent l’homélie,
Ils rentrent par la cave, la buanderie, au mieux.
Une fois validée, leur présence en nos murs
Leur donne de l’aplomb, ils se sentent plus sur,
Et l’on verra bientôt tous ces godelureaux
Venir me pomper l’air pour fixer leur chasse d’eau
« Ma chambre est infernale, le lit est trop petit
Le voisin du dessus péte et ronfle la nuit
Je veux changer d’étage, je veux une fenêtre,
J’en ai marre des promesses, plus qu’assez des peut être,
Je veux être calife à la place du calife,
J’ai signé pour la gloire et non pas pour la biffe,
Si j’avais eu conscience de l’état d’la boutique
Je serais chez Lazard, je serais extatique ».
Ils peuvent continuer à pleurer de concert,
Les glandes lacrymales s’usent si l’on s’en sert
Ils comprendront bien vite, comme Pierre et le loup
Que trop de jérémiades les conduiront au trou.
Car si l’on est gentil, attentionné, courtois,
Si notre beau métier se résume au service,
On doit pouvoir aussi y mettre un peu de vice
Lorsque l’individu nous casse trop les noix .
Mais bien heureusement
Certains sont très contents :
Ils restent quarante ans….
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