Achille, décrit comme un pot de confiture d’orgueil dans une note précédente est un aussi un chrétien quand son ego n’est pas dans la balance. Il exprime et applique les valeurs d’amour et de charité qui composent l’aspect plaisant de notre chère église et de pas mal d’autres religions d’ailleurs, sans pour cela faire dépendre le salut des âmes de la propreté des culottes, de la légèreté des cuisses ou de diverses aimantations pubiennes.
C’est un aspect de sa personnalité qui m’avait totalement échappé, ce qui le rend assez sympathique puisqu’il ne fait aucun prosélytisme, échappant ainsi à la multitude éternelle des faux dévots. En fait on me l’a dit, sinon je n’y aurais pas pensé, étant moi-même issu de cette culture mais plutôt éloigné de ses applications actuelles.
A notre époque, l’entreprise en France est laïque et apolitique, on n’a donc pas le réflexe, heureusement à mon avis. Achille est catho, on me l’a dit, et je l’ai constaté. Il met cette foi au service de la structure, mais aussi des individus.
La politique est finalement assez absente de la vie de notre entreprise. Dans le quotidien, peu de gens expriment ou vivent réellement leur engagement, soit parce qu’il n’existe pas soit parce qu’ils sont trop occupés par des taches ne générant pas un grand inconfort. Celles et ceux qui ont les missions les plus abrutissantes ont aussi une convention collective qui leur permet de prendre 9 semaines de vacances, sans compter les jours de récup, rien n’est épuisant comme trois semaines en Birmanie avec Marcel, regardez j’ai rapporté une poupée et six dés à coudre en porcelaine.
Les cadres, quand à eux, négocient inconsciemment leur potentiel évolutif contre 12 heures par jour derrière leur bureau, avec à peu prés autant de chances de sortir de la masse qu’un charançon albinos dans un champs de blé (merci San A) mais il ne faut pas leur dire ça tuerait la magie.
Autant dire qu’ils ont peu de temps pour revendiquer leur appartenance à une catégorie socio professionnelle souvent élevée. Ceux la votent à droite quand ils ont de l’argent, à gauche quand ils assument leur statut de bobo, le power Yoga le lait de soja, l’appart dans le marais, les copains homos, beurs ou les deux dans le meilleur des cas. Lecteur de Libé ou du Figaro, tous font la grimace quand il s’agit de faire le cheque aux impôts, et préfèrent parler de leurs dîners dans des restaurants tenus par des aveugles que de Lionel Jospin.
Delanoë à la limite.
Dans le secteur bancaire, dans le secteur tertiaire en général, les syndicats sont moins puissants que dans l'industrie. Ils sont souvent représentés par des frustrés qui manquent de matériel pour alimenter la lutte des classes, et qui font donc un ouragan d’un pet de lapin afin de pouvoir justifier de leur existence. Pour un GI, leur arrivée impromptue (dans le cas d’une procédure de licenciement par exemple) est donc, comme ailleurs, signe d’embrouille à venir, avec des rapports tendus et une mauvaise foi de tous les instants exacerbée par ce constat : chez nous on ne pousse pas vraiment des wagonnets au fond de la mine, et ça n’est pas la peine de faire semblant.
Ils ou elles sont moustachus, parlent fort, et sont tellement caricaturaux que ça manque presque de charme, sauf lorsqu’ils commettent des tracts qu’on peu lire d’un derrière distrait.
Ce qui peut être plus intéressant, et c’est mon cas ces temps ci, c’est lorsqu’on s’occupe d’un délégué syndical en tant que Gestionnaire Individuel.
Nous savons qu’Arlette Laguiller a fait sa carrière au Crédit Lyonnais, et l’inconscient collectif ne peut s’empêcher de faire parfois une petite prière pour le salut (et surtout le repos) de ses collègues de bureaux.
Si c’est votre cas, surtout n’oubliez pas son RH dans vos vœux, qu’ils soient pieux ou pas. En voila un qui n’a pas du se marrer. Un ou plusieurs d’ailleurs, elle a du en épuiser un certain nombre. Un maréchal d’empire se vantait d’avoir eu de nombreux chevaux tués sous lui, un délégué syndical devrait pouvoir faire la même chose avec ses gestionnaires individuels.
J’ai dans ma population un neveu éloigné d’Arlette : A 59 ans, Paul n’a plus d’illusion sur rien. Jeune, il du avoir la foi en son combat, mais il utilise depuis bien longtemps sa fonction de représentant syndical comme un bouclier pour masquer ses angoisses, son incompétence et la terne médiocrité de son parcours. Paul est un homme dont l’agressivité va se résorber dans la retraite, et qui va donc mal la vivre. Il n’existe depuis dix ans que par son statut de syndicaliste, le sait, et tout ça va partir en fumée dans dix huit mois.
Paul est un homme en souffrance, et il a tellement gonflé toute la banque depuis dix ans que personne n’est prêt à l’écouter, même à titre individuel. L’institution le hait, et c’est bien naturel. Le schéma est évidement compliqué par quarante ans d’agit-prop, plus personne ne peut croire dans ce que son esprit tordu invente toutes les semaines, lui bon dernier sur la liste.
En reprenant l’équipe, Achille a vu Paul. Achille est aussi un fin renard, qui sait pertinemment que mettre Paul dans sa poche serait un joli fait d’arme, vis-à-vis de l’institution : s’il pouvait arrêter de nous enmerder, notamment quand il va s’agir de le mettre à la retraite…. Cela dit, Achille semble réellement touché par l’état de Paul. Il nous en parle. Paul se livre a lui. Lui confesse être un homme fini, au bout du rouleau.
L’approche de cette fin de carrière sans personne contre qui se rebeller lui fait prendre conscience de la vanité de tout ça, Achille et le temps sont parvenus à lui faire réinventer une vielle notion : L’honnêteté intellectuelle.
Il a demandé un vrai boulot pour les dix huit mois à venir.
Le premier pas vers la sérénité ?
Dans ce billet, vous faites preuve d'une mauvaise foi tout à fait remarquable.
"L'institution le hait, et c'est normal", comme vous dites, car l'institution n'aime pas qu'on donne des chiffres et qu'on raisonne sur du concret. Peut être que vous pourriez donner quelques exemples de ses "tracts agressifs" pour étayer votre propos ?
"Personne de l'écoute", mais les gens votent quand même pour lui puisqu'il est ELU à un poste de représentation du personnel. Voilà d'ailleurs un sujet politique de taille : la démocratie dans l'entreprise. C'est une question qui dépasse très largement les faux clivages entre "Libération" (le journal de Rotschild) et Le Figaro (le journal de Dassault).
Paul est représentant du personnel. Vous êtes un laquais de la direction dont la fonction principale est d'assurer le respect de la notion de hiérarchie. Votre hostilité mutuelle n'a donc rien d'étonnant.
Rédigé par : Popol | 14 septembre 2009 à 23:50
Merci pour la visite. Assez d'accord sur la comparaison libe le Figaro d'ailleur si vous relisez le texte je ne dis pas autre chose. Sur le lien hierarchique aussi, disons que notre job est plutôt d'optimiser ce lien. Laquais peut être , mais de trois types de clients : l'individu, le manager, l'environnement reglementaire.
Rédigé par : DR HACHE | 15 septembre 2009 à 12:26