Je ne sais pas si c’est masculin, je dois confesser que j’ai du mal à me mettre au tri des déchets dans les poubelles.
C’est trop compliqué, mais le problème est plus profondément ancré, je pense. Pour moi, trier les déchets correspondrait à peu prés à laisser un pourboire au Mac Donald alors qu’on y débarrasse soi-même la table. Mon coté assisté rechigne à se laisser embrigader dans la solidarité des rebus.
Je suppose que cela correspond à un vieux reste génétique des 9 derniers glands qui m’ont engendrés, entre Louis XV et René Coty personne n’a jamais bossé pour soi ni pour les autres dans cette famille, ça a du laisser des traces dans le génome.
Bien sur, depuis, l’écologie, la solidarité,
le développement durable, le réchauffement climatique, la vie chère, la crise du pétrole, les énergies renouvelables, la conscience citoyenne, l’effondrement du prix de la tonne de gaz carbonique, les vaches sacrées qui pétent trop en Inde, les cancers de la peau galopants en Australie, j’arrête parce qu je suis fatigué mais je pourrais continuer 10 pages, TOUT vous pousse à trier vos poubelles.
Surtout les femmes de votre entourage.
Mére, femme, fille, sœur, copine, du ton le plus didactique au plus autoritaire en passant par la morale, avec souvent une petite pointe d’exaspération sous jacente perçue dans le « Je t’ai déjà dit que », et dans les cas extrêmes l’ajout du prénom en début de phrase, marque d’agressivité ultime :
« LAURENT, Je t’ai déjà dit que les bouteilles en plastic se mettaient dans la poubelle fuschia, et les emballages en plastic dans la poubelle taupe. »
Bref, je coince.
Quelle n’est pas ma surprise de découvrir un matin en arrivant au bureau qu’on m’avait fauché ma corbeille. Je travaille aux ressources humaines, et ma poubelle est donc un instrument de gestion à peu prés aussi vital que l’écran de mon PC, on peut travailler sans mais c’est beaucoup plus compliqué.
Après une émotion bien justifiée, je découvre dans un coin de mon bureau un nouvel objet, fort laid et d’une forme parfaitement incongrue. Une fente sur le devant, de l’épaisseur d’un demi code du travail, et sur le reste un couvercle en plastic recyclé avec au milieu un trou faisant penser à une chaise percée dans le meilleur des cas et à l’orifice anal du géant vert dans le pire.
Au fond de ce trou de la taille d’une cannette, ce qui ressemble à un sac poubelle.
Je mets une bonne semaine à comprendre que la fente du devant est destinée au papier, et le trou au reste, aussi dois je rouler toutes mes feuilles pour tenter de les glisser dans cet orifice en maudissant le ciel de mon infortune et de la connerie humaine qui s’acharne sur nous tous.
Ca n’est que grâce à mon amie Isabelle, et donc à mes dépends, que je comprends que le papier se glisse dans la fente, et le reste dans le trou.
Bon sang mais c’est bien sur, le triage des poubelles vous retrouvera ou que vous soyez, pas la peine de se planquer, c’est un phénomène de société.
Donc je glisse mes feuilles dans la fente, mes canettes dans le trou, au prix d’un effort visible mais finalement assez conscient de racheter quelques années de purgatoire.
J’aime bien Maria
Elle fait le ménage ici, et je la croise tous les matin et tous les soirs.
Portugaise de souche et de 65 ans, elle possède les attributs capillaires qu s’ensuivent et rigole à chaque passage devant mon bureau en me disant qu’elle travaille trop et moi aussi.
Elle travaille beaucoup en effet, et l’une de ses tâches consiste à vider les poubelles de tous les gestionnaires individuels tous les soirs.
Maria passe donc avec une gigantesque poubelle sur roues, qui obscurcit d’ailleurs le couloir, et vide consciencieusement tout le contenu des corbeilles individuelles dedans.
Papier et cannettes ensemble, bien sur.
TYPIQUE !
Rédigé par : M. | 26 mai 2009 à 17:33