Claire à 41 ans.
Issue d’un milieu plutôt protégé, elle est dotée d’une forte personnalité et du charme des petites brunes qui ne portent plus de loden mais savent toujours danser le rock’ n roll qu’on leur a appris dans les rallyes. Blanchie sous le harnais des Sciences Politiques, Claire a les neurones qui connectent et elle sait allier un charme naturel à une gaîté de tous les instants. Si sa voix peut casser un seau à champagne en cristal (en titanium quand elle rit), elle lui permet aussi de s’imposer dans les meetings peuplés de gorilles ou la testostérone
prend parfois le pas sur le bon sens.
Jouant inconsciemment sur sa féminité, elle fait partie de ces femmes appréciées des hommes, et moins des femmes par voie de conséquence.
Claire a su aligner un parcours sans faute dans les dix dernières années au sein du groupe, et a été identifiée comme potentiel clef il y a quatre ans. Cette catégorie assez nébuleuse vous donne droit à divers avantages comme les stocks options, l’invitation à divers séminaires de formation et de coaching, et vous garanti à peu près la suite de votre parcours au sein de l’institution, sauf accident.
De l’autre coté de sa vie, Claire mange chaud.
Mariée il y a 15 ans à un pervers narcissique qui a commencé à l’insulter quotidiennement à la naissance du premier enfant pour finir par lui taper dessus à la naissance du troisième, elle a envisagé il y a 6 ans de divorcer et a réussi a mettre en œuvre cette décision il y a deux ans.
Elle a ainsi pu mettre à l’épreuve sa force de caractère et sa capacité à sortir du cadre, le divorce ne faisant pas exactement partie de la panoplie éducative des scouts d’Europe ou elle a passé de nombreux WE entre 10 et 20 ans.
Son divorce est atroce. Son mari lui envoie trois mails d’insulte par jour, dit à leurs enfants qu’elle est frigide, conne et hystérique, appelle ses collègues de bureau pour les menacer, c’est un grand malade. Il ne paye rien, ment sur tout, l’espionne et lui fait peur.
Dans les deux dernières années, Claire a du mettre sa vie professionnelle entre parenthèse. Le divorce et le parachutage d’une nouvelle boss qui a dézingué son équipe ont poussé Claire dans un semi placard, temporaire mais pesant.
On lui avait garanti un maintien de sa rémunération variable, le temps de lui retrouver un vrai poste, arrive la fin d’année et BOUM, voici venue la coupe de 25 % de son bonus.
Ca n’est pas le moment, en terme de couteaux dans le dos elle estime qu’elle a sa dose.
Alors Claire décide d’aller voir sa gestionnaire individuelle des ressources humaines.
Béatrice a 53 ans. Psychologue clinique de formation, elle s’occupait des déviances sexuelles dans un hôpital psychiatrique. A-t-elle été dégoûtée par les soupeurs, trop de golden shower, les coprophages avaient ils trop mauvaise haleine, les nécrophiles ont ils usé son caractère, je ne sais.
Mais elle est tendue. Divorcée remariée, elle aime la confrontation et on peut compter sur elle pour ne pas être d’accord, que le sujet invoqué soit la politique salariale, la couleur des rideaux ou la température anale des dauphins.
Issue d’un milieu petit bourgeois et de sensibilité de gauche, Béatrice suppute chez Claire la petite cuillère en argent dans la bouche et les pets dans la soie, un peu exagérés en l’occurrence. En revanche, elle connaît bien le parcours de Claire au sein du groupe, et son positionnement un peu entre deux aujourd’hui. Et puis l’autre est jolie, et elle est terriblement vilaine. Alors elle en profite pour être dure, cette petite dinde sera peut être un jours sa boss, collons lui un petit coup de pied l’air de rien tant qu’elle a un genou à terre.
Le ton monte. Claire demande plus d’argent, comme on lui avait promis. Béatrice fait la moue temporise, nie, louvoie, contourne, dévie.
Au bout d’un quart d’heure, un peu acculée, elle regarde Claire dans les yeux et lui dit
« Mais, Claire, vous vous plaignez d’avoir moins de rentrées financières. Si je ne me trompe pas, vous êtes en train de divorcer. Vous allez donc toucher une pension alimentaire. Alors, ou est le problème ? »
Moi je dis, EN PRISON.
Je ne vois guère un mari (même assez bête pour taper et insulter) consacrer tant de temps à sa femme si il ne l'aime pas.
Je ne m'étonne pas de voir une femme faire remarquer à une autre les avantages financiers à venir du fait d'un divorce qu'elle a choisi.
Evidemment je fais parti de ceux qui payent.
Cordialement,
houps!
Rédigé par : AUP | 16 février 2009 à 15:26
il est assez classique de voir les conjoints quittés s'acharner longtemps sur ceux qui les quittent, non ?
quand à la réaction de la RH, je la trouve épouvantable en effet.
cordialement
Rédigé par : DRH | 18 février 2009 à 12:29
J'ai toujours trouvé que le terme "humaine" était de trop dans cette direction qui est de loin celle qui en fait le moins preuve.
Elle a l'habitude honteuse de toujours vouloir faire culpabiliser son interlocuteur par rapport à la chance qu'il a d'être dans l'entreprise. Comme dans un couple, il doit participer à la réalisation de l'entreprise au prorata de sa richesse y compris personnel. L'immixtion (j'ai cherché dans le dictionnaire!) dans la vie privée est courante, non pas pour soutenir l'employé qui doit être efficace, mais pour lui rajouter des charges: vous avez des indemnités à vie, ce n'est pas la peine de vous augmentez, merci, au revoir. Bientôt, nous en arriverons à devoir déclarer nos revenus autres et richesses personnelles à l'entreprise pour calculer nos augmentations. L'entreprise ne rémunère pas la valeur du travail réalisé mais participe à sa hauteur dans la vie du couple. Peut-être n'est-ce pas là une mauvaise idée finalement.
Rédigé par : Sijhavè-su | 26 mai 2009 à 21:54