Les filles deviennent mures plus vite que les garçons, c'est un fait. Dans notre imaginaire collectif, une petite fille est plus soignée, plus organisée, souvent plus propre. Un garçon est bordélique, brouillon, plus facilement fainéant, et ne se réveillera qu'à la fin de son adolescence. Beaucoup d'entre nous ont le souvenir de premières de la classe qui rendent leurs devoirs à l’heure et rigolent éventuellement quand elles se brûlent.
On a moins de premier de la classe en tête, ou alors après ils ont fait polytechnique et ne rentrent pas dans les statistiques.
C'est une constatation physiologique, qui correspond souvent à la croissance physique : à 13 ans beaucoup de garçons sont encore des nains de jardin avec un vermicelle de contrebande entre les jambes, alors que la majorité des filles ont atteint leur taille quasi définitives et peuvent techniquement avoir des enfants.
Plus mures plus vite, les filles apprennent donc rapidement qu'il est très confortable de travailler pour avoir de bonnes notes, ce qui semble un bon raisonnement. Le problème,
c’est qu’elles pensent de ce fait qu'avoir de bonnes notes est la conséquence directe et méritée d'un travail fourni.
La note devient progressivement le seul outil de mesure et de compréhension du système.
Regardons un peu les potaches en culotte courte. La plupart d'entre eux consacrent une bonne partie de leur énergie à se tirer l'élastique, jouer au foot ou à la game boy, lancer des boules puantes ou faire des bombes à eau, dans le meilleur des cas retenir des contrepèteries. Cela laisse moins de temps pour le travail, et le jeune homme moyen va devoir très vite compenser des notes médiocres par une grande compréhension du système. Il va naturellement analyser les profs et savoir les lire, apprendre à doser l'effort, faire rire quand il le faut, bref il va développer des antennes plus sensibles plus vite.
Afin de pouvoir subsister dans la structure, il va devoir en appréhender naturellement les rouages.
Quelques années passent,
Les délires hormonaux se tassent
Entre vingt deux et vingt cinq ans, le combat entre SUPERPOLARDE et CRETINATOR se lisse. Ils trouvent même un terrain d'entente et croient aborder l'entreprise sur un pied d'égalité, que quelques congés de maternité viendront détruire. Aujourd’hui, beaucoup sont convaincus que le rôle de mère et ses impératifs sont la seule source du déséquilibre des carrières et des rémunérations entre les hommes et les femmes.
Mais n’est ce pas plus compliqué que ça ?
Lorsqu'elle arrive dans l’entreprise, la femme est formatée à l'idée parfaitement inhumaine de justice objective. Je travaille, la quantité et la qualité de ce travail seront naturellement validées par une bonne note. L'homme voit très vite que cela n'est pas vrai : du fait de son expérience il sait sans réfléchir que 50 % de sa progression dans l'entreprise va dépendre de sa capacité a la décoder, à savoir qui fait quoi, qui il faut connaître et à quel moment il faut bosser.
Il va naturellement être plus politique, c'est à dire selon Littré "Celui qui s'applique à la connaissance des affaires publiques, du gouvernement des états". Donc en plus de bosser (parfois « à la place de » mais pas toujours), l’homme va se tisser un réseau et le faire jouer quand il en a besoin.
Les femmes réagissent différemment. Elles bossent consciencieusement, attendent une reconnaissance qui vient peu car on leur reproche sans jamais le formuler de ne pas s’intéresser à leur environnement. Les plus fragiles sont cassées par le système, dégoûtées par l’injustice flagrante qui semble le régenter. Le plus solides font pareil que leurs condisciples masculins, et d’elles le Vulgus Pecum de l’entreprise dira
C'est un mec
merci ,
merci pour écrire "tout haut" ce qu'on ne peut exprimer sur le terrain . J'ai croisé certain de vos collègues ,ils pensent comme vous , ça se voit au fond de leur yeux et on a tellment envie de leur demander de sortir de leur langage formaté qu'on n'ose plus .
Rédigé par : arigeo | 19 mai 2009 à 09:17
ils ne peuvent pas vraiment, le systeme est ainsi fait que ca risque de leur retomber dessus, mais en effet il ne faut pas etre dupe.
Rédigé par : DR HACHE | 19 mai 2009 à 12:46
Votre chronique est l'histoire de ma vie en entreprise en tant que femme fragile comme décrit à la fin. Et après on s'étonne des tentatives de suicide... Moi j'ai failli y rester mais finalement je me suis taillée. Et finalement, c'est encore moi la paria ...
Rédigé par : Psychodocus | 20 mai 2009 à 01:57
Bien vu.
C'est un message que j'essaie de faire passer auprès des femmes que j'accompagne en coaching ou en bilan de compétences quand elles remarquent, parfois avec amertume, que la qualité de leur travail n'est pas toujours reconnue à sa juste valeur.
C'est une prise de conscience qui ouvre souvent de nouvelles portes...
Rédigé par : Career Coach | 23 mai 2009 à 13:17
Oui, votre analyse est fine. Je pense qu'il est de mon devoir de faire prendre conscience à ma fille de cet état de fait ainsi que les jeunes filles que j'accompagne dans mes séminaires de recherche d'emploi et de stage ! Je pense pourtant que les mentalités pouvent changer grâce à l'éducation et à la façon dont nous, parents, nous pouvons aider nos enfants (filles et garçons) à appréhender le monde qui nous entoure sans pour autant leur retirer leur personalité. Utopiste ? Oui sûrement ... Pour ma part, je me suis mise à mon compte trop dégoûtée par ce fameux manque de reconnaissance de mon travail ! En plus, aujourd'hui, je profite de mes enfants et gère mon emploi du temps comme je le veux. Je ne me culpabilise plus, tiraillée entre le boulot et la maison(parce que ça aussi, ça peut faire partie de la panoplie).
Rédigé par : MH2 | 30 mai 2009 à 22:51
C'est tellement vrai... Et d'ailleurs, de façon égale dans les entreprises ou organisations très féminisées ou très masculinisées.
On dit souvent que dans une entreprises "il y a ceux qui travaillent et ceux qui font carrière". J'ai envie de dire, il y a les femmes qui bossent sans trop rien demander et les hommes qui manoeuvrent en étant partisans du moindre effort.
Rédigé par : ECE | 01 juin 2009 à 16:01
Je rencontre beaucoup de femmes qui sortent la tête du guidon à la faveur de restructuration ou limogeage en bonne et due forme, sans vie personnelle à 45 ou 50 ans, dépitées et écoeurées de constater que pour soigner une confiance en elles défaillante elles ont travaillé sans compter soirs et week end, pour atteindre un niveau de maitrise et de perfection que personne ne leur demandait... Le manque d'implication des femmes le soir est absolument faux à mes yeux, d'autant que les femmes de 30/35 ans, célibataires et investies patissent à l'avance du fait qu'un jour elles auront des enfants et ne travailleront plus jusqu'à 22h. Les hommes sont parfois en effet plus facilement investis dans les soirées resto avec collègues étrangers ou supérieurs pour soigner leur réseau, et c'est nettement plus productif!
Pascal vous arrivez parfaitement à être sexiste à votre corps défendant! un congé maternité c'est 3 mois, soit le temps qu'il faut souvent à un accidenté de ski pour recouvrer sa capacité à travailler! Les préjugés ont la vie dure : parité s'appelle la rubrique?
Rédigé par : Mais non Mais non | 25 janvier 2010 à 17:01
J'ai envie de pleurer tellement j'ai l'impression que c'est moi...
Rédigé par : EB | 06 avril 2010 à 14:18
Est-ce vraiment un syndrome ?
Rédigé par : en savoir + | 21 octobre 2012 à 20:00