Ca y est, je le tiens.
Le parfait salopard.
Issu de l’establishment, ayant bénéficié de protections paternelles envers et contre une paresse naturelle et innée, Octave est entré dans la banque il y a 20 ans. Intelligent et manipulateur, il a eu le temps de développer un sens aigu de la dialectique qui lui a permis de frayer son chemin dans ce demi monde des diplômés qui ne veulent pas mettre les mains dans le cambouis.
Son plus gros déséquilibre aujourd’hui, c’est la distance entre ses contacts au sein de la banque (il connaît tout le monde, de par son statut familial), et ses capacités réelles, totalement émoussées par quinze ans d’inaction et d ‘abus en tout genre.
Octave est le fruit des aspects les plus noirs de la banque de papa, de la cooptation et des manœuvres de basse politique qui vont permettre à l’élite Française de placer ses embarrassants rejetons dans les grands groupes institutionnels.
Octave dispose naturellement du magnétisme inquiétant d’un Boa constrictor : il est doté d’une belle voix grave, d’un visage aux traits réguliers avec des yeux petits mais extrêmement denses, qui vous fixent avec attention.
Plutôt bel homme, il a 45 ans et en profite au delà de toute mesure au sein du groupe, malgré sa femme et ses deux enfants. Comme tous les parasites de sa catégorie, il a toujours été sur des projets de « développement », qui impliquaient beaucoup de voyages. Les contrées asiatiques gardent un souvenir ému de ses moult passages, et le staff féminin et junior n’a que le temps de respirer entre deux séjours de « phallus d’or ».
Cette santé sexuelle, pour laquelle j’aurais plutôt un certain respect, prend un tour désagréable quand on sait qu’il tape toujours dans le cheptel jeune et impressionnable, abusant de son statut et n’hésitant probablement pas à recourir a certaines formes de menaces à peine voilées pour arriver à ses fins. Lorsque cela ne marche pas, il utilise un réseau de professionnelles, et s’organise en général pour les rémunérer sur les fonds propres de la maison.
La vie totalement sans efforts de ce garçon a fini par gâter son cerveau, si bien qu’il n’a plus aucune conscience de son environnement, et de quelques règles prudentielles à appliquer lorsqu’on vit sur la bête. Il en va des protections comme du vent qui tourne lorsqu’on est sur un voilier : si l’on s’endors dessus on a de gros risques de se prendre la baume en pleine face et de se faire éjecter du bateau. Le piston principal d’Octave vient de prendre sa retraite.
Son remplaçant, plus jeune et moins politique (pour l’instant), a été mis au courant de la situation d’Octave et de son statut. Homme efficace et sans concessions, il a été on ne peut plus clair : Foutez le moi dehors. Octave, il y a quelques années, aurait senti venir le coup, et aurait tenté de donner le change pendant un an ou deux, il se serait empressé d’accepter un vrai travail au sein de la banque en attendant que l’orage passe.
Mais il est rouillé par le confort et l’inaction, et doit se considérer comme indéboulonnable Il y a quinze jours nous arrive une injonction d’un tribunal quelconque concernant Octave. Il vit bien entendu au dessus de ses moyens, est assez coutumier des saisies en tout genre, ses créanciers ne connaissant pas son père.En tant que banque nous bloquons donc régulièrement un partie de son salaire, voire de son bonus (il a un bonus !!!) pour rembourser ses nombreuses et diverses dettes.
Mais il faut l’en informer, c’est normal. Pour cela, il faut le voir. On le cherche, pas vu. On demande à la secrétaire, pas vu depuis trois jours. Son bureau est ouvert, des papiers en vrac sur la table, c’est tout juste s’il n’y a pas un manteau sur la chaise et un café auto chauffant à coté du clavier, mais pas plus d’Octave que de beurre au cul.
Tiens, c’est les vacances scolaires de Février. A- t – il posé des vacances ? Non. Il faut dire qu’il n’a plus de Job du tout depuis un an, il est « Conseiller » du patron de métier, exacte définition du placard. Leurs bureaux ne sont même pas dans le même immeuble, c’est dire s’il est contrôlé… Nous procédons à la saisie ordonnée par le tribunal, et la semaine suivante Octave appelle Paulette, assistante administrative RH, et l’agonit d’insultes.
Il est extrêmement méprisant avec le petit personnel quand celui ci dépasse 50 ans ou ne dispose pas des mensurations adéquates. Paulette rétorque qu’on l’a cherché partout la semaine précédente, et voilà mon Octave qui commet sa première vraie bévue : il nie l’absence.
« J’étais la toute la semaine dernière ».
HMMMM C’est bon. Continue, je sens que ça vient.
On a des badges électroniques pour rentrer dans l’immeuble, et pour passer de pièce en pièce. On a aussi des caméras de surveillance, et on garde les bandes. Si Octave est passé une seule fois au bureau cette semaine la, on va le savoir.
Me voilà flic. Je ne pense pas que nous utilisions la faute grave, ça n’est hélas pas le genre de la maison, mais on aura un bon levier pour négocier un départ « à l’amiable ».
Salut Octave, et surtout bonne chance.
Merci !! Merci pour ces "tranches de vie", et pour ces portraits qui me rappellent... des gens, des voisins, des parents...
Rédigé par : FPM | 19 mai 2009 à 16:24
Il existe malheureusement des "Octaves" dans toutes les grandes entreprises françaises dans lesquelles certains sont malfaisants très longtemps et lorsqu’enfin ils sont découverts, ils recommencent ailleurs grâce aux relations de papa….
Rédigé par : Franck | 19 mai 2009 à 21:28
Alléluia!!! (rien qu'à l'expression je suis cuite : repérée par mes R Haches qui m'ont signalé ce blog alors que nous fantasmions sur un journal "intime" de notre quotidien); En tant que RHacheGroupe d'une société de main d'oeuvre (ça diffère de la banque!), cerbère du "couloir de la mort" (sic), je concède une intense jubilation à l'évocation de cette traque de la bande vidéo qui permettra de confondre le parasite...
Extase incommunicable au commun des mortels sain d'esprit que compte mon entourage non professionnel (au 1er rang desquels Doudou;l'astre lumineux qui partage mes jours, élève notre progéniture et s'occupe de garnir le frigo tous les jours; au point d'accueillir avec le même flegme une arrivée tardive issue d'une "retenue pour des négociations prolongées" dans le jargon de nos amis les medias, traduit en "Madame vous n'êtes pas ligotée... vous n'êtes donc pas séquestrée" , selon l'OPJ de quartier - et une simple soirée de travail un peu prolongée).
Sentiment que le glaive de la justice divine frappe enfin et me transmue en cavalier de l'apocalipse vengeant en un coup tant d'avanies....
Il faut bien que les instincts primaux trouvent à s'exprimer... et lorsque la victime expiatoire est un met de choix... on s'en pourlèche les babines!!!!
Bizarement mon docteur persiste à considérer que je vais bien.
Ce métier est passionnant, mais personne ne prévient que sa pratique prolongée génére des effets secondaires graves : allez faire passer une chemise qui se ferme dans le dos avec des lacets en notes de frais.....
Rédigé par : La Grande Faucheuse | 26 août 2009 à 23:00
bon ben grande faucheuse il va être temps de faire un petit blog, non ? ca devrait conforter l'avis du docteur.
Rédigé par : DR HACHE | 31 août 2009 à 21:53
Et bien chapeau, Docteur !
A la revista...
Rédigé par : EL Capéo | 01 septembre 2009 à 01:13